Et si on faisait le tour du Monde en 80 jours ? se demande en 1985, le navigateur Yves Le Cornec, alors qu’il embarque sur William Saurin, aux côtés d’Eugène Riguidel, pour la première transat Québec-Saint Malo. Quel défi que celui de réaliser ce tour du monde en moins de 80 jours comme les héros du roman de Jules Verne, Phileas Fogg et Jean Passepartout.
Un tour du monde en 80 jours, c’est possible ?
À raison de 12,8 nœuds de vitesse moyenne, c’est possible. 26 000 milles parcourus en 80 jours moins 5 minutes : le pari est lancé !
Parcours du trophée Jules Verne lors de sa création
La mise en place du trophée Jules Verne, étape par étape
En 1990, Titouan Lamazou, remporte le Vendée Globe en 109 jours 08 heures et 49 minutes. Il décide de regarder le projet « Jules Verne » accompagné de Florence Arthaud, (première femme à remporter une grande course au large en solitaire, la quatrième édition de la Route du Rhum), Sir Peter Blake et Sir Robin Knox-Johnston.
« En bordure d’Antarctique, nous ferons le tour du monde de la glissade. Nous irons surfer là où, depuis Cook, peu ont croisé, traversant les saisons d’ouest en est, d’Ouessant à Ouessant, en passant par les caps de Bonne Espérance, Leeuwin et Horn. À rebours, on comptera les jours, on dévalera les pentes, on avalera les méridiens. Le voyage ne durera que quatre-vingt jours, le temps de faire un petit tour. »
Florence Arthaud
Le règlement est créé le 13 août 1990. Le départ et l’arrivée seront jugés entre le phare du Créac’h Ouessant) et le cap Lizard (Cornouaille anglaise) en laissant les trois caps sur bâbord (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn).
Le janvier 1991, Florence et Titouan créent « Tour du monde en 80 jours », association à but non lucratif, et porteuse du Trophée Jules Verne. Ils promettent ainsi de concrétiser la belle idée d’ Yves Le Cornec et surtout de la pérenniser, au-delà d’un seul exploit en dessous de la barre des 80 jours.
Des navires dignes du trophée Jules Verne
Le défi est ambitieux et les promoteurs du Trophée Jules Verne imaginent une épreuve ouverte à tout voilier, sans limite de taille et de nombre d’équipiers. Il faut donc mettre tout en œuvre pour créer des bateaux capables de réaliser ce tour du monde.
On estime alors que les bateaux de course disponibles ne sont pas assez puissants pour le record de Phileas Fogg. Titouan met au point le nouveau Bluenose, pendant que Florence Arthaud tente d’obtenir de son sponsor Pierre Premier, le financement d’un catamaran de 40 mètres.
Le TAG HEUER de Titouan Lamazou et son ancêtre, la légendaire goélette Bluenose, ici dessinée par Titouan. ©Photo Gilles Martin-Raget
Le lancement officiel du trophée Jules Verne
Et c’est en octobre 1992, que le Trophée Jules Verne est présenté officiellement par l’association « Tour du Monde en 80 jours » présidée par Olivier de Kersauson, dans les salons du Yacht Club de France, sous la présidence de Jack Lang, ministre d’État.
Devant la presse, Florence Arthaud et Titouan Lamazou précisent qu’ils ne sont pas prêts à larguer les amarres. Le prototype de Titouan ne touchera les flots que deux mois plus tard. Et Florence n’a pas de bateau.
Florence n’ayant pas de bateau, et le prototype de Titouan Lamazou n’étant pas prêt, Peter Blake et Robin Kox-Johnston annoncent leur prochain départ à bord du catamaran Formule Tag qu’ils vont adapter pour se lancer sur le Tour.
Bruno Peyron a prévenu de son intention de partir début 1993.
Cérémonie du 20 octobre 1992, au Yacht Club de France. De gauche à droite : Robin Knox-Johnston, Frédérique Bredin, ministre des sports, Bernard Moitessier, Florence Arthaud, Jack Lang, ministre de la culture, Titouan Lamazou, Charles Josselin, ministre de la mer, Peter Blake et François Carn, le président du Yacht Club de France. © Photo Gilles Klein
Et maintenant, c'est quoi le trophée Jules Verne ?
En 25 ans, le périple a changé. Si le parcours est le même, les équipages de Spindrift 2 et Idec Sport, qui voguent à plus de 30 nœuds autour du globe en 2015, ne ressemble pas au voyage à 14,39 nœuds de moyenne du pionnier Commodore Explorer. Pourtant, l’esprit d’aventure est immuable.
Mais l’objectif est toujours le même : courir pour voir le monde.
Le trophée Jules Verne exposé au Musée de la Marine à Paris.
Pour en savoir plus : https://www.tropheejulesverne.org