Jules Verne, littéraire ou scientifique ? On a souvent dit de lui qu’il était le chantre du Progrès, qu’il avait tout prévu sur le devenir scientifique, qu’il était le premier et le plus grand des auteurs de science- fiction. Rien de tout cela n’est exact.

Jules Verne, entre science-fiction et anticipation

D’abord, sur ses soixante romans, quatre seulement pourraient être considérés comme des romans de science-fiction : Voyage au centre de la terre, De la terre à la lune, Autour de la lune et Le Secret de Wilhelm Storitz. Jules Verne pratique plutôt l’anticipation.

Le progrès, une régression selon Jules Verne ?

De plus, si Jules Verne croit à la capacité des hommes de se dépasser et de réaliser des choses grandioses, il remarque également que le pire est possible dans le domaine scientifique. Entre les fous qui menacent le monde (Face au drapeau, Maître du monde) et les inventions qui déclenchent des catastrophes (Sans dessus dessous), le moins qu’on puisse dire est que le Progrès apparaît parfois comme une régression.

Jules Verne, imaginaire et poésie

En réalité, si on regarde l’ensemble de l’oeuvre de Jules Verne, on s’aperçoit qu’il a rédigé un très grand nombre de pièces de théâtre et de nouvelles. Rien qu’avec celles- ci, il a abordé de nombreux genres : la nouvelle satirique, la nouvelle voyageuse, la nouvelle fantastique, le conte de fées, le conte de Noël…

Si on se penche sur ses romans, tous les genres se croisent et s’entrecroisent : les récits de voyage, bien entendu, les utopies, les robinsonades, les romans historiques, les romans à caractère policiers, les romans d’anticipation techniques, mais aussi ceux d’anticipation sociales.

Jules Verne avait une imagination dévorante : une imagination poétique. Il transforme par ses description précises, étranges, surréalistes, fantastiques, le monde réel (ou parfois inventé) en une sorte d’univerne. Il fait se rapprocher des faunes et des flores n’ayant rien à faire ensemble, il fait se dépasser des personnages qui deviennent mythiques, il fait émerger des îles et arracher des continents. Les comètes, les rayons du soleil, les feux des volcans sont ses pinceaux pour les peintures qu’il réalise du monde qu’il réinvente.

Bref, Jules Verne est avant tout un littéraire qui a su mieux que tout autre parler de la science – qu’il ne connaissait que peu mais qu’il apprit à connaître à force de lecture, autre prodige de sa part – et la faire aimer.